(Keith): Hangul (the Korean Alphabet)
(Pierre): In the Korean history forging the national alphabet helped forging the national identity (this was true also for Romanians, and for many other nations surrounded by powerful neighbors). My friend Keith has developed a great passion for Korean history and culture. Here is what he has to say about Hangul, the Korean system of writing:
(Keith):
Présentation
Le Hangeul ou Hangul (한글) est l’alphabet purement coréen utilisé pour retranscrire la langue coréenne, aussi bien pour la Corée du Nord que du Sud; cet alphabet ne comprend pas les Hanja (caractères chinois). Les Hanja sont des sinogrammes traditionnels dont la prononciation est coréanisée par rapport au chinois.
Dans le nord, le Hangeul est nommé Choseon-gul (조선글)
Description
Le Hangeul est un alphabet phonémique et monocaméral qui se compose de 24 lettres principales, que l’on groupe en bloque pour écrire.
24 lettres = 14 consonnes et 10 voyelles. Mais il présente en fait 51 lettres ou sons, qu’on appelle Jamos.
Les Jamos :
14 consonnes de base (자음/子音 jaeum)
5 consonnes doubles (쌍자음/雙子音 ssang jaeum)
11 groupes de consonnes (복자음/複子音 bok jaeum)
10 voyelles de base (모음/母音 moeum)
11 voyelles composées (쌍모음/雙母音 ssang moeum)
Orthographe
Le Hangeul est un alphabet monocaméral ; c’est-à-dire qu’une lettre n’est représentée que par un seul œil, contrairement à l’alphabet latin ou cyrillique. Par exemple, le son d est tout simplement représenté par le ㄷ alors que l’alphabet latin le représente soit par la minuscule d, soit par la capitale D.
Le coréen est une langue agglutinante et flexionnelle. Ces propriétés (radicaux, désinences, agglutinations) se répercutent dans l’écriture.
L’écriture coréenne est une des seules, en Asie, à pratiquer l’espacement entre les mots.
Jusqu’au XXe siècle, le Hangeul ne possédait aucune règle orthographique officielle. Le plus souvent, cet alphabet était donc utilisé pour transcrire phonologiquement la langue coréenne malgré la préférence du roi Sejong pour la transcription morpho-phonologique.
Sous la domination japonaise, le modèle d’écriture nippon fut adopté par le gouvernement d’occupation. Ce système mélangeait les Hanja utilisés pour le vocabulaire (noms et verbes), et le Hangeul utilisé pour les points grammaticaux tels les désinences, les conjonctions, etc. Comparé à l’écriture japonaise, les sinogrammes (Hanja ou Kanji) étaient plus fréquents en coréen qu’en japonais durant cette période. La partie Hangeul de l’écriture était assez souvent phonologique.
Avec le temps, l’écriture du coréen est devenue de plus en plus morpho-phonologique. Aujourd’hui, l’orthographe suit les règles énoncées dans le Hangeul Matchumbeop, publié en 1933 et révisé en 1988 par la Corée du Sud. Les règles édictées sont de l’ordre purement morpho-phonologique.
Structure syllabique
La structure graphique du Hangeul est originale : en effet, inspirée par celle des sinogrammes (qui ne sont pas de nature alphabétique), elle dispose chaque syllabe construite au moyen des jamos dans un carré virtuel créant un alignement régulier. En sorte, l’unité graphique est la syllabe et non le phonème (on ne peut en effet pas écrire les jamos indépendamment sauf pour des raisons didactiques), sans pour autant que l’écriture ne soit un syllabaire car chaque syllabe peut être logiquement construite ou lue à partir des signes représentant les phonèmes. Il s’agit donc d’un alphabet dont les lettres se regroupent en syllabes alignées comme les sinogrammes.
À l’écrit, aucun mot ne peut commencer par une voyelle en raison de la structure syllabique, d’où la nécessité de créer une consonne vide ㅇ pour les mots commençant oralement par une voyelle (on écrira 아 au lieu de ㅏ). Par exemple, le mot uyu qui signifie lait s’écrit 우유 et non ㅜㅠ.
Il existe peu d’exceptions en coréen. La simplicité de cette écriture (pas forcément visible au premier abord) explique en grande partie le fort taux d’alphabétisation de la Corée aujourd’hui.
Illustration
Lorsque les deux Corées proclamèrent le Hangeul comme étant leur écriture officielle, l’ordre fut arrangé pour pouvoir contenir les nouveaux jamos créés (consonnes doubles et voyelles composées).
Il existe aujourd’hui deux ordres alphabétiques coréens : celui de la Corée du Nord et celui de la Corée du Sud.
En Corée du Nord :
Ordre alphabétique des consonnes :
ㄱ ㄴ ㄷ ㄹ ㅁ ㅂ ㅅ ㅇ ㅈ ㅊ ㅋ ㅌ ㅍ ㅎ ㄲ ㄸ ㅃ ㅆ ㅉ ㅇ
Le premier ㅇ correspond au son -ng, le second est la consonne vide.
Ordre alphabétique des voyelles :
ㅏ ㅑ ㅓ ㅕ ㅗ ㅛ ㅜ ㅠ ㅡ ㅣ ㅐ ㅒ ㅔ ㅖ ㅚ ㅟ ㅢ ㅘ ㅝ ㅙ ㅞ
En Corée du Sud :
Ordre alphabétique des consonnes :
ㄱ ㄲ ㄴ ㄷ ㄸ ㄹ ㅁ ㅂ ㅃ ㅅ ㅆ ㅇ ㅈ ㅉ ㅊ ㅋ ㅌ ㅍ ㅎ
Ordre alphabétique des voyelles :
ㅏ ㅐ ㅑ ㅒ ㅓ ㅔ ㅕ ㅖ ㅗ ㅘ ㅙ ㅚ ㅛ ㅜ ㅝ ㅞ ㅟ ㅠ ㅡ ㅢ ㅣ
Ce sont les classements alphabétiques actuellement utilisés, donc la modification finale de plusieurs changements depuis le premier classement effectué par le roi Sejong. Je ne m’attarderai pas sur toutes ces modifications, voici le classement original de Sejong et les modifications qui me semble les plus pertinentes.
Ordre alphabétique des consonnes en 1446 :
ㄱ ㅋ ㆁ ㄷ ㅌ ㄴ ㅂ ㅍ ㅁ ㅈ ㅊ ㅅ ㆆ ㅎ ㅇ ㄹ ㅿ
Ordre alphabétique des voyelles en 1446 :
ㆍ ㅡ ㅣ ㅗ ㅏ ㅜ ㅓ ㅛ ㅑ ㅠ ㅕ
En 1751, Hong Gyehui (홍계희/洪啓禧) propose le remplacement des jamos ㅿ par ㅅ en raison de la prononciation voisine, et ㅇ par ㆁ puisque le ㅇ ne s’utilise qu’en fin de syllabe et ㆁ qu’en début. L’alphabet se réduit donc à 25 lettres.
En 1933, la Société de linguistique coréenne, fondée par Ju Si-gyeong (주시경/周時經), établit les règles orthographiques et grammaticales du coréen dans un document intitulé Hangeul Matchumbeop (한글 맞춤법 Orthographe du coréen). Il y est inclus un nouvel ordre alphabétique : le ㆁ est devenu ㅇ (le trait le plus haut a disparu) et est revenu à son emplacement d’origine, la voyelle ㆍ a été supprimée.
L’alphabet coréen ne mélange pas les consonnes et les voyelles. Comme aucun mot ne commence graphiquement par une voyelle, l’ordre des consonnes est le plus important puisque c’est celui qui est utilisé pour classer les mots dans un dictionnaire. L’ordre des voyelles vient ensuite pour classer les mots commençant par la même consonne.
Histoire
- L’alphabet coréen Hangeul est officiellement inventé vers 1443 et publié en 1446. Le roi Sejong, qui régna de1419 à 1451, en est l’inventeur attitré. Il est le 4ème roi de la dynastie Choseon, un grand guerrier et un lettré humaniste. Il maitrise plusieurs langues et est expert en linguistique car il à étudié avec un grand sinologue en Chine.
- A ce moment, les lettrés de tous les milieux sinologiques sont farouchement opposées à son idée d’instruire le peuple et surtout de remplacer le chinois et son écriture par une écriture qualifiée de vernaculaire. Pourtant le roi tente plusieurs fois de leur faire comprendre sa démarche et les envoies en voyages d’études chez son maître chinois, en Chine, à plusieurs reprises. Mais ses sujets restent sur leur positions et refusent de l’aider (je vous recommande vivement un coup d’œil sur le site suivant pour comprendre plus en détails les différents difficultés rencontrés par le roi à cette époque: http://pagesperso-orange.fr/jean-paul.desgoutte/livres/hunminjong/hunmin.htm)
- Ce livre de 33 pages en chinois intitulé Hunmin Jeongeum Haeryebon, (Edition Explicative des Bons Sons pour Instruire le Peuple), se divise en deux parties. La première, écrite par le roi Sejong lui-même, contient une préface dans laquelle le roi explique pourquoi il décida de créer un nouvel alphabet et le texte principal, expliquant chacune des 28 lettres, accompagnées d'exemples de combinaisons consonnes-voyelles.
La deuxième partie, écrite par Jeong In-ji et sept autres érudits du Jiphyeonjeon, comporte six chapitres : Explication de la conception des lettres, exposant les principes phonétiques et la philosophie par laquelle les nouvelles lettres ont été créées, Explication des initiales, présentant les 17 consonnes qui apparaissent en début de syllabe; Explication des médianes, présentant les 11 voyelles; Explication des finales, présentant les consonnes apparaissant en fin de syllabe; Explication de la combinaison des lettres, expliquant comment les initiales, les médianes et les finales s'assemblent pour former des syllabes; et Exemples de l'utilisation des lettres, présentant quelques mots écrits dans le nouvel alphabet. L'ouvrage se termine par une postface de Jeong In-ji.
- Il est rapporté que les lettrés reprochèrent au roi sa discrétion et son élaboration dans le plus grand secret quand la publication fut décrétée en 1446. De ce fait on peut penser qu’il à écrit mais surtout conçu cet ouvrage seul et qu’il n’a pas eu vraiment d’aide pendant l’élaboration, ci ce n’est peut-être de personnes très proches.
- Dans la préface de l’Hunmin Jeongum, le roi Sejong explique clairement ses motivations:
La langue coréenne étant différente de la langue chinoise, les caractères chinois ne la rendent pas suffisamment. C’est pourquoi, les gens du peuple désirent une chose et n’arrivent pas à exposer leurs sentiments: cela est fréquent. Emu de pitié, j’ai inventé vingt-huit caractères qui seront facilement appris de tous et serviront aux usages quotidiens.
- En 1504, le roi Yeonsan-gun interdit l’usage et l’apprentissage du Hangeul après avoir été moqué et critiqué en Hangeul. Il bannit les documents rédigés avec cet alphabet.
- En 1506, le roi Jungjong supprime le ministère de l’écriture vernaculaire. Le Hangeul se perpétue ensuite grâce aux femmes et aux sujets non éduqués, qui n’ont pas accès aux études chinoises.
- À partir du XVIIe siècle, le Hangeul fait naître la littérature romanesque féminine, mais reste méprisé dans les secteurs officiels du pays.
- En réponse à des attaques répétées du Japon depuis la fin du XVIe siècle, le nationalisme coréen monte et fait peu à peu du Hangeul un symbole national. Ainsi, en 1894, il est adopté dans les documents administratifs pour la première fois, peu avant que le Japon ne fasse de la Corée un protectorat, puis l’annexe.
- Le terme Hangeul est utilisé pour la première fois en 1912 par Ju Si-gyeong (주시경/周時經) et signifie à la fois la grande écriture en coréen archaïque et écriture de la Corée en coréen moderne. Le Hangeul fait partie de la résistance, et à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le Japon vaincu, l’écriture est très populaire et permet d’alphabétiser rapidement l’ensemble de la population malgré la partition du pays.
- Le 9 octobre, jour de la commémoration de la publication du Hangeul, est en Corée du Sud, un jour férié appelé Journée du Hangeul (한글날). En Corée du Nord, son équivalent, la Journée du Chosongul (조선글날), est célébré le 15 octobre.
- Aujourd’hui, les Hanja sont encore utilisés et enseignés, mais la majorité des écrits coréens contemporains sont en Hangeul. Les Hanja peuvent-être utilisés pour distinguer des homophones (très souvent homographes en Hangeul), pour ajouter des nuances ou par parti pris.
- En Indonésie, sur l’île de Buton, l’ethnie des Butons, établie aux alentours de Bau-Bau, recherchait un système d’écriture apte à transcrire sa langue orale, le Cia-Cia. Afin de sauvegarder leur langage, les Butons ont choisi en 2009 le Hangeul comme écriture.
Le Hangul : un alphabet parfait ?
- De nombreux spécialistes considèrent le Hangeul comme le plus parfait système d’écriture d’un point de vue scientifique. Ils justifient leur point de vue en notant la construction systématique du Hangeul qui repose sur la forme des organes vocaux lorsqu’ils prononcent le son. Ainsi, le T dans notre alphabet occidental représente un son qui n’a rien à voir avec la forme des organes vocaux. Son homologue coréen représente la manière dont la langue touche le palais supérieur:
- Une autre des caractéristiques les plus intéressantes du Hangeul est sa facilité d’apprentissage et ça aussi bien pour des Coréens que pour des étrangers. Il y a une dizaine d’année, l’UNESCO a reconnu cette spécificité remarquable en instituant le Prix de Littérature du Roi Sejong qui honore les personnes qui ont contribué à l’éradication de l’illettrisme dans le monde. Grâce au Hangeul, la Corée a ainsi un des plus bas taux d’illettrisme dans le monde.
- Toutefois, ces points sont à nuancer. En effet, tous les sons de la langue coréenne ne sont pas retranscris dans le Hangeul. Il n’existe ainsi pas de signes distincts pour exprimer les sons g, b, d et j qui existent pourtant en coréen et sont représentés par les lettres k, p, t et ch.
- Il n’en reste pas moins que le Hangul répond parfaitement à la fonction d’une écriture à savoir de retranscrire aisément, lisiblement et le plus fidèlement possible une langue.
Pour terminer cet exposé voici des photos du HunminJongeum:
Sources
- http://www.heritage.go.kr/eng/mem/mem_01.jsp
- http://french.visitkorea.or.kr/fre/CU/CU_FR_6_3_9_1.jsp
- http://j.poitou.free.fr/pro/html/cjk/hangul.html
- http://www.typographie.org/trajan/hangul/hangul_1.html
- http://pagesperso-orange.fr/jean-paul.desgoutte/livres/hunminjong/hunmin.htm
- http://fr.wikipedia.org/wiki/Hangeul
- http://en.wikipedia.org/wiki/Hangul
Ahmed-Keith Reziki
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