Leconte de Lisle: Le Cœur de Hialmar
a painting by Jean Delville
(http://www.poetes.com/parnassiens/ll_coeur.htm)
no copyright infringement intended
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Chant du Mort de Hialmar
A Upsal, dans la demeure du Josur, bien des jarls boivent joyeusement la bière, bien des jarls échangent de vives paroles ; moi, je suis dans cette ile, frappé par la pointe de glaive.
La blanche fille de Hialmar m’a suivi à Aguafik, au-delà des écueils ; ses paroles se vérifient, elle me disait que je ne me retournerais jamais prés d’elle.
Tire de mon doigt cet anneau d’or rouge, porte-le à ma jeune Ingeborg, il lui rappellera qu’elle ne doit jamais me revoir.
A l’est s’élève le corbeau de la bruyère ; après le corbeau arrive l’aigle, plus grand encore. Je serais la pâture de l’aigle qui viendra boire le sang de mon cœur.
[Song of the death of Hialmar
At Upsal, in the home of the Josur, many jarls are happily drinking beer, and many exchange sharp words; I'm on this island, struck by the tip of sword.
The white daughter of Hialmar followed me to Aguafik, beyond the pitfalls; her words were right, she told me that I would never return to her.
Take out of my finger this ring of red gold, give it to my young Ingeborg, it will remind her that she should never review me.
To the East, the raven is rising from the heather; the eagle will follow, mmuch bigger . I would be the pasture of the eagle who will drink the blood from my heart.]
This fragment from a book by Xavier Marmier was the source of inspiration for a splendid poem of Leconte de Lisle: Le Cœur de Hialmar
Une nuit claire, un vent glacé. La neige est rouge.
Mille braves sont là qui dorment sans tombeaux,
L’épée au poing, les yeux hagards. Pas un ne bouge.
Au-dessus tourne et crie un vol de noirs corbeaux.
La lune froide verse au loin sa pâle flamme.
Hialmar se soulève entre les morts sanglants,
Appuyé des deux mains au tronçon de sa lame.
La pourpre du combat ruisselle de ses flancs.
— Holà ! Quelqu’un a-t-il encore un peu d’haleine,
Parmi tant de joyeux et robustes garçons
Qui, ce matin, riaient et chantaient à voix pleine
Comme des merles dans l’épaisseur des buissons ?
Tous sont muets. Mon casque est rompu, mon armure
Est trouée, et la hache a fait sauter ses clous.
Mes yeux saignent. J’entends un immense murmure
Pareil aux hurlements de la mer ou des loups.
Viens par ici, Corbeau, mon brave mangeur d’hommes !
Ouvre-moi la poitrine avec ton bec de fer.
Tu nous retrouveras demain tels que nous sommes.
Porte mon cœur tout chaud à la fille d’Ylmer.
Dans Upsal, où les Jarls boivent la bonne bière,
Et chantent, en heurtant les cruches d’or, en chœur,
À tire d’aile vole, ô rôdeur de bruyère !
Cherche ma fiancée et porte-lui mon cœur.
Au sommet de la tour que hantent les corneilles
Tu la verras debout, blanche, aux longs cheveux noirs.
Deux anneaux d’argent fin lui pendent aux oreilles,
Et ses yeux sont plus clairs que l’astre des beaux soirs.
Va, sombre messager, dis-lui bien que je l’aime,
Et que voici mon cœur. Elle reconnaîtra
Qu’il est rouge et solide et non tremblant et blême ;
Et la fille d’Ylmer, Corbeau, te sourira !
Moi, je meurs. Mon esprit coule par vingt blessures.
J’ai fait mon temps. Buvez, ô loups, mon sang vermeil.
Jeune, brave, riant, libre et sans flétrissures,
Je vais m’asseoir parmi les Dieux, dans le soleil !
Mille braves sont là qui dorment sans tombeaux,
L’épée au poing, les yeux hagards. Pas un ne bouge.
Au-dessus tourne et crie un vol de noirs corbeaux.
La lune froide verse au loin sa pâle flamme.
Hialmar se soulève entre les morts sanglants,
Appuyé des deux mains au tronçon de sa lame.
La pourpre du combat ruisselle de ses flancs.
— Holà ! Quelqu’un a-t-il encore un peu d’haleine,
Parmi tant de joyeux et robustes garçons
Qui, ce matin, riaient et chantaient à voix pleine
Comme des merles dans l’épaisseur des buissons ?
Tous sont muets. Mon casque est rompu, mon armure
Est trouée, et la hache a fait sauter ses clous.
Mes yeux saignent. J’entends un immense murmure
Pareil aux hurlements de la mer ou des loups.
Viens par ici, Corbeau, mon brave mangeur d’hommes !
Ouvre-moi la poitrine avec ton bec de fer.
Tu nous retrouveras demain tels que nous sommes.
Porte mon cœur tout chaud à la fille d’Ylmer.
Dans Upsal, où les Jarls boivent la bonne bière,
Et chantent, en heurtant les cruches d’or, en chœur,
À tire d’aile vole, ô rôdeur de bruyère !
Cherche ma fiancée et porte-lui mon cœur.
Au sommet de la tour que hantent les corneilles
Tu la verras debout, blanche, aux longs cheveux noirs.
Deux anneaux d’argent fin lui pendent aux oreilles,
Et ses yeux sont plus clairs que l’astre des beaux soirs.
Va, sombre messager, dis-lui bien que je l’aime,
Et que voici mon cœur. Elle reconnaîtra
Qu’il est rouge et solide et non tremblant et blême ;
Et la fille d’Ylmer, Corbeau, te sourira !
Moi, je meurs. Mon esprit coule par vingt blessures.
J’ai fait mon temps. Buvez, ô loups, mon sang vermeil.
Jeune, brave, riant, libre et sans flétrissures,
Je vais m’asseoir parmi les Dieux, dans le soleil !
(Leconte de Lisle)
(Xavier Marmier)
Labels: Leconte de Lisle, Xavier Marmier
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