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Wednesday, August 11, 2010

(Keith): The Korean Educational System

(Pierre): An essay on the Korean educational system, by Ahmed-Keith Reziki.


Yuchi-Won Graduation ou la remise officielle des diplômes à la maternelle


(Keith):

Le système éducatif coréen ressemble en de nombreux points au système japonais ou anglais et même au système français parfois. Comme au Japon, les jeunes y subissent une pression très forte dès leur plus jeune âge. Pression comparable à celle exercée sur les étudiants de prépa en France.

Le système éducatif coréen peut être classé en 5 niveaux: école maternelle, école primaire, collège, lycée et université. Il est donc organisée selon le principe 6-3-3-4 correspondant à l'école primaire pour les six premières années de la scolarité, le collège de la 7e à la 9e année, le lycée de la 10e à la 12e année et l'université qui représente les quatre dernières années du schéma éducatif.

Contrairement aux écoles européennes mais comme au Japon, l’année scolaire commence au début de mars. Le premier semestre commence en mars et se termine fin juin. Le second semestre s’étend de septembre à février. Les vacances d’été marquent la transition entre ces deux semestres. De fin décembre à début février ce sont les vacances d’hiver. Les enfants reprennent les cours pendant quelques semaines, puis il y a une courte période de vacances qui succède à la rentrée, en général dans la première semaine du mois de mars.

En Corée, la première étape par laquelle la plupart des enfants commencent leur scolarité, c'est l'école maternelle (Yuchi-Won - 유치원). Mais ce n'est pas un enseignement obligatoire, c’est un enseignement privé et les coûts sont assez variables selon l’école choisie. Les parents coréens n’hésitent pas à envoyer leurs enfants dans des Yuchi-Won spécialisées en anglais, afin de leur donner un avant goût des cours qu’ils auront en primaire. Dans ces Yuchi-Won spécialisées, les cours peuvent être donné en coréen avec quelques cours d’anglais, en anglais avec quelque cours de coréen où encore tout en anglais. Il est un fait que la grande majorité des parents de classe moyenne envoient leurs enfants étudier dans ces Yuchi-Won. Il n'y a pas de conditions spéciales pour s'y inscrire, cependant on y entre généralement à l'âge de 6 ans. Il y a des enfants qui y restent pendant plusieurs années en y entrant plus vite que les autres ou qui suivent des cours particuliers même avant d’entrer à l’école, à cause de l'ardeur éducative de leurs parents. Actuellement, le taux de ces enfants n'arrête pas d'augmenter...en 1980 on dénombrait 66,433 enfants pour 901 écoles maternelles contre 397,020 enfants pour 7,792 écoles maternelles en 1987. Le programme éducatif coréen des Yuchi-Won tend à être plus académisé dans le fond qu’en France, à l’image du Japon tout en restant ludique dans la forme d’apprentissage. Les enfants y apprennent à lire et à écrire aussi bien en coréen qu’en anglais en plus de l’arithmétique de base. Les classes sont conduites de manière traditionnelle, les enfants en rang tournés vers le professeur pour apprendre à se concentrer sur une personne, une leçon ou une activité à la fois. Le but principal du professeur est de trouver et renforcer les points faibles de chaque élève.

Comme le système éducatif en Corée est très compétitif, les Yuchi-Won tendent à s’académiser de plus en plus. Les enfants sont poussés de plus en plus tôt à lire et à écrire, et à se familiariser avec une importante et régulière charge de devoirs homeworks. Ces enfants bien que très jeunes, vont aussi assister l’après midi à d’autre cours dans des écoles spécialisées, cours d’art, de piano, violon, de ballet, danse ou encore de taekwondo, de foot et même de mathématiques.


Une leçon de géographie dans une Yuchi-Won


Après la formation de l'école maternelle qui ne dure qu'un an pour la plupart, l'enfant ayant 7 ans entre à l'école primaire qui est obligatoire. La formation à l'école primaire se déroule en 6 ans, et à chaque fois, l'enfant monte d’une classe sans passer l'examen de fin d'année. A priori, il n'y existe pas de redoublants. L’école primaire s’étend donc du C.P. à la 6ème et non jusqu’au C.M.2 comme en France. L’âge des enfants est donc 6-7 ans en première année et 12-13 ans en 6ème année, sachant que les coréens comptent non pas en fonction de la date d’anniversaire mais du début d’année. En Corée un enfant qui vient de naitre à déjà un an et non pas un jour. Les sujets abordés en primaire sont très vastes et variés. Voici les matières enseignées : le coréen, l’anglais, les mathématiques, les sciences naturelles, les sciences humaines et sociales, l’art du langage (the language arts est une discipline Anglo-Saxonne qui peut être comparée en France au Français car elle vise à améliorer les capacités d’écritures et d’élocution des élèves, par des exercices de grammaire et orthographe, par des dictées, des poésies à réciter, des textes à lire ou encore des dissertations), les arts plastiques et les arts pratiques (destiné à l’épanouissement des enfants, comme la confection d’objet en bois, ou en papier, par exemple des origami), la musique mais aussi l’éducation physique et des cours d’instruction civique appelés cours d’éducation morale - moral education. En général un professeur s’occupe de plusieurs voire de toutes les matières, mais il y a beaucoup de professeurs spécialisés dans une seule matière. C’est le cas pour l’éducation physique ou les langues étrangères, anglais inclus. Environ 20 ans plus tôt, l’anglais n’était enseigné qu’à partir du collège (la 5éme en France) mais aujourd’hui il est enseigné de manière régulière dès la troisième année de primaire. La structure grammaticale coréenne est très différente de l’anglaise, et l’enseignement de cette langue y reste plus ou moins inefficace, ce qui est donc une des principales inquiétudes formulées par les parents d’élèves. Plusieurs de ces parents vont donc dès le primaire envoyer leurs enfants dans des écoles privés pour des cours du soir, intensifs, les (hagwon - 학원). Dès la sortie de l’école les étudiants se dirigent en masse vers ces hagwon. Tandis que de plus en plus d’écoles embauchent des professeurs dont la langue maternelle est l’anglais afin de faciliter aux élèves l’assimilation et l’apprentissage de l’anglais. La différence la plus notable entre les écoles publiques et privés est le port d’uniforme obligatoire pour les élèves des écoles privés, tandis que les élèves des écoles publiques ne portent de réels uniformes que pendant les cours d’éducation physique. Ces écoles privées suivent un programme scolaire similaire aux écoles publiques mais offrent souvent de bien meilleurs installations, un meilleur ratio de professeur par élèves et même des cours d’appoints (cours extrascolaire qui sont donnés pour préparer les élèves aux futurs examens et pour prendre de l’avance sur les programmes scolaire des années suivantes). Cela est possible car les écoles privées sont connues pour enseigner à un plus haut niveau d’apprentissage que les écoles publiques. Hélas même si elles sont très désirés par les parents et très recommandables, elles restent outrageusement chères pour la majorité des parents de classe moyenne ou inférieur qui vont donc préférer envoyer leurs enfants dans les hagwon.


Une chodeung haggyo publique


Les écoles primaires sont appelées chodeung haggyo (초등학교) qui veut littéralement dire école primaire. L’ancien nom étant gukmin haggyo (국민학교) signifiant école citoyenne. Le gouvernement coréen le changea en 1996 comme dans un geste à la restauration de la fierté nationale car gukmin haggyo est en fait l’abréviation de hwangguk sinmin ui haggyo (황국신민의학교) qui veut dire l’école des sujets de l’état impérial, nom instauré par le Japon pendant la colonisation.


Une chodeung haggyo privé


Au bout de 6 ans, on entre au collège. La formation au collège dure 3 ans. On trouve encore des écoles pour filles ou pour garçons, mais il y a aussi des écoles mixtes comme la plupart des écoles européennes.

L'enfant (ou plutôt l'adolescent) entre au collège à l'âge de 13 ans et en sort à l'âge de 16 ans. Les collèges coréens sont nommés Jung Haggyo (증학교) ce qui veux dire middle school . En règle générale, les adolescents qui vont au collège portent un uniforme scolaire choisi par leur école.

En fonction des règlements imposés par les enseignants, les élèves gardent la même coupe de cheveux pendant leur scolarité (souvent les filles ont des cheveux demis longs, et les garçons les font couper très courts). Le collège coréen correspond plus ou moins au collège français mais de la 5ème à la 3ème uniquement. C’est un virage crucial du système éducatif coréen, aussi bien pour les parents que pour les enfants. La pression s’accentue et les enfants sont tenus de prendre au sérieux leurs cours, car c’est à partir du collège que leur avenir se joue réellement.

Dans ces collèges le port correct de l’uniforme et d’une coupe de cheveux conforme est de rigueur, certains aspects de la vie des étudiants peuvent être soumis à un contrôle draconien. Comme en primaire les élèves restent dans une seule et même classe avec les mêmes camarades de classe, mais les professeurs sont différents selon la matière enseignée. Les professeurs sont donc mobiles et seuls les professeurs spécialisés restent dans une salle ou les élèves vont donc se déplacer. Le professeur titulaire ou principal appelé damim seonsengnim (담임선생님) joue un rôle très important dans la vie des étudiants. Les collégiens ont 6 cours par jours, mais la plupart d’entre eux ont aussi en plus un cours de préparation matinale avant les cours et un cours d’appoint juste après les cours obligatoires. Le programme enseigné est plus ou moins le même dans tout les collèges avec pour matières de base : les maths, l’anglais, le coréen, les sciences sociales et de sciences naturels. Et des matières considérés moins importantes comme la musique, les arts, l’éducation physique, l’histoire, les Hanja (sinogramme coréen), l’ étique (éducation civique), économie domestique (et oui même à la maison on peut faire de l’économie, cette matière enseigne principalement les relations entre l’extérieur et l’intérieur de la maison familiale par des bases d’économie), la technologie et l’informatique. La quantité globale des cours et les cours enseignés varient selon les années. La durée normale d’un cours est de 45 minutes. Avant les cours il y a donc un cours préparatoire matinal de 30 minutes ou plus. Les étudiants peuvent y réviser ou utiliser des médias éducatifs (EBS = Educational Broadcast System). Comme c’est en vigueur depuis 2008, les étudiants ont cours du lundi au vendredi plus des demi-journées de cours tout les premiers, troisièmes et cinquièmes samedis du mois quand le calendrier le permet. Les activités du samedi sont souvent extrascolaires, dans des clubs. Vers la fin des années 60, le gouvernement a aboli l’examen d’entré au collège, le remplaçant par un système de loterie dans chaque secteur géographique. Cela à eu pour effet d’égaliser un peu plus les niveaux dans les classes des quartiers populaires mais dans les quartiers huppés le niveau d’apprentissage restait plus élevé. Comme pour la primaire, les étudiants passent jusqu’à la 3ème sans examen. Comme les étudiants ont tous des points forts et des points faibles différents, ils apprennent les mêmes sujets en groupe pour renforcer leurs lacunes. C’est la dernière année de collège où les résultats comptent vraiment. Les meilleurs élèves pourront espérer intégrer un lycée de renom et les bons élèves n’auront pas à aller dans un lycée technique ou professionnel et pourront surement intégrer un bon lycée général, un peu comme en France avec le brevet des collèges (où une note supérieure à la moyenne nous permet d’entrer dans un lycée général). Autrement les notes attribuées durant l’année ne servent qu’à s’auto-évaluer dans la classe par rapport à ses camarades et voir sa propre évolution. Des règles stipulent qu’il faut utiliser des outils agrées pour enseigner, comme des livres certifiés par l’éducation nationale, mais cette règle est plus flexible pour les professeurs de collège que pour ceux des lycées. Comme précédemment les étudiants continueront d’aller dans des hagwon après les cours. A partir du collège les hagwon et les professeurs particuliers sont d’avantage sollicités pour les maths et l’anglais. Ces matières sont les plus importantes pour les étudiants. Les notes y sont capitales pour intégrer un bon lycée. La pression s’accentue donc sur les élèves dans ces deux matières. Certaines hagwon ne se spécialisent que dans une ou deux matières, tandis que celles qui enseignent plusieurs matières deviennent de véritables écoles après l’école. Les parents n’hésitent pas à mettre la pression sur leurs enfants, estimant les cours enseignés par les hagwon de plus haut niveau. Souvent, au premier semestre dans les hagwon le programme de l’année est déjà fini et le deuxième semestre ne sert qu’à renforcer des points et à prendre de l’avance sur les années suivantes. En plus de cela, les élèves sont inscrits dans des instituts ou académies d’arts martiaux et de musique. De ce fait il n’est pas rare que des étudiants ne rentrent chez eux que bien après minuit en Corée.


Un collège pour filles de secteur



Un collège mixte


Après la formation au collège vient donc l’examen d’entrée au lycée général. Les lycées sont appelés Kodung Haggyo (고등학교) ce qui veut littéralement dire école de haut niveau. Comme en France, c’est au lycée que commence à se profiler l’avenir vers lequel l’enfant va tendre. En France, en 2nde le choix des options va nous permettre en 1ère et terminale de choisir des filières comme S pour scientifiques, Eco pour économique, L pour Lettres…Alors qu’en Corée ce choix est fait dès l’entrée au lycée car chaque lycée à sa spécialité. Il existe des lycées scientifiques et des lycées d’arts et de langues étrangères dont les examens d’entrée sont très difficiles et la concurrence est rude, ce qui ajoute un stress supplémentaire aux étudiants. Il y a aussi des lycées publiques et privés avec ou sans examen d’entrée. Ces lycées disent ne pas se spécialiser dans une branche mais sont plutôt concentrés sur la meilleure manière de faire passer leurs étudiants à l’université. Pour les étudiants ne désirant pas entrer à l’université, les lycées techniques ou professionnels existent. Après la remise des diplômes « graduation » ces étudiants seront directement pris en entreprise. Environ 30% des élèves de lycée sont dans des lycées professionnels. Là encore, il n’est pas surprenant pour un coréen que les étudiants reviennent tard après minuit car les cours normaux sont prolongés par des cours d’appoint et des mises en situation, souvent supportés par le lycée et plus ou moins obligatoire car il serait mal vue de ne pas y assister. Comme pour les années précédentes les Hagwon sont privilégiés mais la concurrence y est encore plus rude. Même entre les différentes hagwon il existe des différences de niveaux, ce qui est encore une autre source de pression pour les étudiants.

Les meilleures Hagwon peuvent exiger un certain niveau et peuvent être ultra-sélectives. Contrairement au collège, le lycée n’est pas obligatoire pourtant d’après une étude faite en 2005 de l’OECD (Organisation for Economic Cooperation and Development) sur les pays membres de cette organisation, 97% des jeunes adultes coréens disent avoir accomplis tout le cycle secondaire et donc achevé leurs études au lycée. Cela est le plus fort pourcentage de tout les pays membres.




La plupart des lycéens s’inscriront à l’université à la fin de leurs études. Ils passeront un examen d’entrée pour lequel ils auront travaillé toute leur enfance. Ils devront choisir entre le 수시 (sushi = préparer un plan d’action avant la fin de leurs années de lycée pour la sélection de l'université à atteindre) ou 정시 (jeungshi = admission normale sans préparation, directement aller se présenter aux examens d’entrée de l’université visée). Ceux qui décideront de repasser l’examen d’entrée (qui ne se fait qu’une fois par an) à l’université l’année suivante au lieu de se rabattre sur une université moins prestigieuse et moins difficile d’accès sont appelés les jaesuseng (재수생).

L’université (dehaggyo - 대학교, littéralement grande école) est l’endroit où se relâche brutalement la pression de toute une jeunesse. La formation dure 4 ans et l’on peut choisir ses cours donc ses professeurs. De plus ils abandonnent l’uniforme et font eux-mêmes leurs emploi du temps. La première année universitaire est vécue comme une libération par les étudiants car le système y est beaucoup moins répressif, ils choisissent leurs cours à la carte et comme en France ils sont déboussolés. Pour les jeunes coréens l’entrée à l’université est aussi synonyme de la majorité qui leur permet bien des choses interdites aux mineurs par la loi coréenne, comme entrer dans un bar ou acheter des cigarettes. L’une des activités les plus prisée par les étudiants coréens s’appelle le MT ou Membership Training. C'est un voyage de courte durée (1-2 nuits) entre étudiants qui a lieu au début de chaque année universitaire. Le MT permet de mieux connaître les jeunes avec lesquels on passera sa vie universitaire. On passe des jours et des nuits à bavarder, danser et boire. C’est une formidable occasion de s’amuser loin du cocon familial et de ses contraintes. Après la première année à l'université où l’amusement tient une grande place vient le moment de la réflexion sur la vie future. Les étudiants commencent à préparer leur intégration dans les entreprises. La concurrence recommence et la pression s’accentue.

A l’instar de bien d’autres pays, le système scolaire coréen est très concurrentiel. La réussite sociale y est intimement liée à l’excellence du parcours scolaire. La pression exercée sur les jeunes est maintenue durant presque toute la scolarité. Les quelques moments où elle se relâche sont vécus par les étudiants comme de formidables moments de lsiberté.


Ahmed-Keith Reziki

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