Massillon, Sur le petit nombre des élus (1699), Première Partie - et Bach, Contrapunctus XV
... la foi s’affaiblissant en commençant à s’étendre, le nombre des justes diminuant à mesure que celui des fidèles augmentait, le progrès de l’Évangile a, ce semble, arrêté celui de la piété ; et le monde entier devenu chrétien a porté enfin avec lui dans l’Église sa corruption et ses maximes ... Le français de Massillon prend ici une qualité polyphonique : chaque phrase est une unité de deux thèmes contraires qui se soutiennent mutuellement ; chaque thème trouve son argument dans la thème contraire et le tout devient un subtil contrepoint. Bach vient à l'esprit (pensez par exemple à son Contrapunctus XV - Canon per Augmentationem in Contrario Motu de son Art de la Fugue)
Première Partie
Peu de gens se sauvent, parce qu’on ne peut comprendre dans ce nombre que deux sortes de personnes, ou celles qui ont été assez heureuses pour conserver leur innocence pure et entière, ou celles qui, après l’avoir perdue, l’ont retrouvée dans les travaux de la pénitence : première cause. Il n’y a que ces deux voies de salut ; et le ciel n’est ouvert, ou qu’aux innocents ou qu’aux pénitents. Or, de quel côté êtes-vous ? êtes-vous innocent ? êtes-vous pénitent ? Rien de souillé n’entrera dans le royaume de Dieu : il faut donc y porter ou une innocence conservée ou une innocence recouvrée. Or, mourir innocent est un privilège où peu d’âmes peuvent aspirer ; vivre pénitent est une grâce que les adoucissements de la discipline et le relâchement de nos mœurs rendent presque encore plus rare. En effet, qui peut prétendre aujourd’hui au salut par un titre d’innocence ? Où sont ces âmes pures en qui le péché n’ait jamais habité, et qui aient conservé jusqu’à la fin le trésor sacré de la première grâce que l’Église leur avait confié dans le baptême, et que Jésus-Christ leur redemandera au jour terrible des vengeances ? Dans ces temps heureux où toute l’Église n’était encore qu’une assemblée de saints, il était rare de trouver des fidèles qui, après avoir reçu les dons de l’Esprit Saint, et confessé Jésus-Christ dans le sacrement qui nous régénère, retombassent dans le dérèglement de leurs premières mœurs. Auanie et Saphire furent les seuls prévaricateurs de l’Église de Jérusalem ; celle de Corinthe ne vit qu’un incestueux ; la pénitence canonique était alors un remède rare ; et à peine parmi ces vrais Israélites se trouvait-il un seul lépreux qu’on fut obligé d’éloigner de l’autel saint, et de séparer de la communion de ses frères.
Mais depuis, la foi s’affaiblissant en commençant à s’étendre, le nombre des justes diminuant à mesure que celui des fidèles augmentait, le progrès de l’Évangile a, ce semble, arrêté celui de la piété ; et le monde entier devenu chrétien a porté enfin avec lui dans l’Église sa corruption et ses maximes. Hélas ! nous nous égarons presque tous dès le sein de nos mères : le premier usage que nous faisons de notre cœur est un crime ; nos premiers penchants sont des passions, et notre raison ne se développe et ne croît que sur les débris de notre innocence. La terre, dit un prophète, est infectée par la corruption de ceux qui l’habitent ; tous ont violé les lois, changé les ordonnances, rompu l’alliance qui devait durer éternellement ; tous opèrent l’iniquité, et à peine s’en trouve-t-il un seul qui fasse le bien ; l’injustice, la calomnie, le mensonge, la perfidie, l’adultère, les crimes les plus noirs, ont inondé la terre : Mendacium, et furtum, et adullerium, inundavenmt.
Le frère dresse des embûches au frère ; le père est séparé de ses enfants, l’époux de son épouse ; il n’est point de lien qu’un vil intérêt ne divise ; la bonne foi n’est plus que la vertu des simples ; les haines sont éternelles ; les réconciliations sont des feintes, et jamais on ne regarde un ennemi comme un frère : on se déchire, on se dévore les uns les autres ; les assemblées ne sont plus que des censures publiques ; la vertu la plus entière n’est plus à couvert de la contradiction des langues ; les jeux sont devenus ou des trafics, ou des fraudes, ou des fureurs ; les repas, ces liens innocents de la société, des excès dont on n’oserait parler ; les plaisirs publics, des écoles de lubricité : notre siècle voit des horreurs que nos pères ne connaissaient même pas ; la ville est une Ninive pécheresse ; la cour est le centre de toutes les passions humaines ; et la vertu, autorisée par l’exemple du souverain, honorée de sa bienveillance, animée par ses bienfaits, y rend le crime plus circonspect, mais ne l’y rend pas peut-être plus rare : tous les états, toutes les conditions ont corrompu leurs voies ; les pauvres murmurent contre la main qui les frappe ; les riches oublient l’auteur de leur abondance ; les grands ne semblent être nés que pour eux-mêmes, et la licence paraît le seul privilège de leur élévation ; le sel même de la terre s’est affadi ; les lampes de Jacob se sont éteintes ; les pierres du sanctuaire se traînent indignement dans la boue des places publiques, et le prêtre est devenu semblable au peuple. O Dieu ! est-ce donc là votre Église et l’assemblée des saints ? Est-ce là cet héritage si chéri, cette vigne bien-aimée, l’objet de vos soins et de vos tendresses ? et qu’offrait de plus coupable à vos yeux Jérusalem, lorsque vous la frappâtes d’une malédiction éternelle ? Voilà donc déjà une voie de salut fermée presque à tous les hommes : tous se sont égarés. Qui que vous soyez qui m’écoutez ici, il a été un temps où le péché régnait en vous : l’âge a peut- être calmé vos passions, mais quelle a été votre jeunesse ? Des infirmités habituelles vous ont peut-être dégoûté du monde ; mais quel usage faisiez-vous avant cela de la santé ? un coup de la grâce a peut-être changé votre cœur ; mais tout le temps qui a précédé ce changement, ne priez-vous pas sans cesse le Seigneur qu’il l’efface de son souvenir ?
Mais à quoi m’amusé-je ? Nous sommes tous pécheurs, ô mon Dieu ! et vous nous connaissez. Ce que nous voyons même de nos égarements n’en est peut-être à vos yeux que l’endroit le plus supportable : et, du côté de l’innocence, chacun de nous convient assez qu’il n’a plus rien à prétendre au salut. Il ne reste donc plus qu’une ressource : c’est la pénitence. Après le naufrage, disent les saints, c’est la planche heureuse qui seule peut encore nous mener au port ; il n’y a plus d’autre voie de salut pour nous. Qui que vous soyez qui avez été pécheur, prince, sujet, grand, peuple, la pénitence seule peut vous sauver.
Or, souffrez que je vous demande où sont les pénitens parmi nous ? où sont-ils ? forment-ils dans l’Église un peuple nombreux ? Vous en trouverez plus, disoit autrefois un Père, qui ne soient jamais tombés, que vous n’en trouverez qui, après leur chute, se soient l’élevés par une véritable pénitence : cette parole est terrible. Mais je veux que ce soit là une de ces expressions qu’il ne faut pas trop presser, quoique les paroles des Saints soient toujours respectables. Ne portons pas les choses si loin ; la vérité est assez terrible, sans y ajouter de nouvelles terreurs par de vaines déclamations. Examinons seulement si du côté dela pénitence nous sommes en droit, la plupart, de prétendre au salut. Qu’est-ce qu’un pénitent ? Un pénitent, disoit autrefois Tertullien, est un Fidèle qui sent, tous les momens de la vie, le malheur qu’il a eu de perdre et d’oublier autrefois son Dieu ; qui a sans cesse son péché devant les yeux ; qui en retrouve par-tout le souvenir et les tristes images : un pénitent, c’est un homme chargé des intérêts de la justice de Dieu contre lui-même ; qui s’interdit les plaisirs les plus innocens, parce qu’il s’en est permis de criminels ; qui ne souffre les plus nécessaires qu’avec peine ; qui ne regarde plus son corps que comme un ennemi qu’il faut affoiblir, comme un rebelle qu’il faut châtier, comme un coupable à qui désormais il faut presque tout refuser, comme un vase souille qu’il faut purifier, comme un débiteur infidèle, dont il faut exiger jusqu’au dernier denier ; un pénitent, c’est un criminel qui s’envisage comme un homme destiné à la mort, parce qu’il ne mérite plus de vivre ; ses mœurs par conséquent, sa parure, ses plaisirs mêmes, doivent avoir je ne suis quoi de triste et d’austère, et il ne doit plus vivre que pour souffrir ; un pénitent ne voit dans la perte de ses biens et de sa santé, que la privation des faveurs dont il a abusé ; dans les humiliations qui lui arrivent, que la peine de son péché ; dans les douleurs qui le déchirent, que le commencement des supplices qu’il a mérités ; dans les calamités publiques qui affligent ses frères, que le châtiment peut- être de ses crimes particuliers : voilà ce que c’est qu’un pénitent. Mais je vous demande encore, où sont parmi nous les pénitens de ce caractère ? où sont-ils ?
Ah ! les sit les de nos pères en voyoient encore aux portes de nos temples : c’étoient des pécheurs moins coupables que nous sans doute, de tout rang, de tout âge, de tout état ; prosternés devant le vestibule du temple ; couverts de cendre et de ciliee ; conjurant leur » frères qui entroient dans la maison du Seigneur, d’obtenir de sa clémence le pardon de leurs fautes ; exclus de la participation à l’autel, et de l’assistance même aux mystères sacrés ; passant les années entières dans l’exercice des jeûnes, des macérations, des prières, et dans des épreuves si laborieuses, que les pécheurs les plus scandaleux ne voudroient pas les soutenir aujourd’hui un seul jour ; privé » non-seulement des plaisirs publics, mais encore des douceurs de la société, de la communication avec leurs frères, de la joie commune des solennités ; vivant comme des anathèmes, séparés de l’assemblée sainte ; dépouillés même pour un temps de toutes les marques de leur grandeur selon le siècle, et n’ayant plus d’autre consolation, que celle de leurs larmes et de leur pénitence.
Tels étoient autrefois les pénitens dans l’Église : si l’on y voyoit encore des pécheurs, le spectacle de leur pénitence édifioit bien pins l’assemblée des Fidèles, que leurs chutes ne l’u voient scandalisée ; c’étoient de ces fautes heureuses, qui devenoient plus utiles que l’innocence même. Je sais qu’une sage dispensation a obligé l’Église de se relâcher des épreuves publiques de la pénitence ; et si j’en rappelle ici l’histoire, ce n’est pas pour blâmer la prudence des Pasteurs qui en ont aboli l’usage, mais pour déplorer la corruption générale des Fidèles qui les y a forcés. Le changement des mœurs et des siècles entraine nécessairement avec eux les variations de la discipline. La police extérieure, fondée sur les lois des hommes a pu changer ; la loi de la pénitence, établie sur l’Evangile et sur la parole de Dieu, est toujours la même. Les degrés publics de la pénitence ne subsistent plus, il est vrai ; mais les rigueurs et l’esprit de la pénitence sont encore les mêmes, et ne sauroient jamais prescrire. On peut satisfaite à l’Église sans subirles peines publiques qu’elle imposoit autrefois ; on ne peut satisfaire à Dieu sans lui en offrir de particulières qui Ici íga lernte ; qui ea soient one ju&te compensation.
Or, regardez autour de vous : je ne dis pas que vous jugiez vos frères ; mais examinez quels sont les mœurs de tous ceux qui vous environnent : je ne parle pas même ici de ces pécheurs déclarés qui ont secoué le joug, et qui ne gardent plus de mesures dans le crime ; je ne parle quelle ceux qui vous ressemblent, qui sont dans des mœurs communes, et dont la vie n’offre rien de scandaleux ni decriant : ils sont pécheurs, ils en conviendront ; vous n’êtes pas innocent, et vous en convenez vous-même : or, sont-ils pénitens, et l’étes-vous ? L’âge, les emplois, des soins plus sérieux vous ont fait peut-être revenir des emporrnmens d’une première jeunesse ; peut-être même les amertumes que la bonté de Dieu a pris plaisir de répandre sur vos passions, les perfidies, les bruits désagréables, une fortune reculée, la « santé ruinée, des affaires en décadence, tout cela a refroidi et retenu les penchans déréglés de votre cœur : le crime vous a dégoùlé du crime même ; les passions d’elles -mêmes se sont peu à peu éteintes ; le temps et la seule inconstance du cœur a rompu vos liens. Cependant, dégoûté des créatures, vous n’en êtes pas plus vif pour votre Dieu : vous êtes devenu plus prudent, plus régulier, selon le monde, plus homme de probité, plus exact à remplir vos devoirs publics et particuliers ; mais vous n’êtes pas pénitent ; vous avez cessé vos désordres, mais vous ne les avez pas expiés, mais vous ne vous êtes pas converti, mais ce grand coup qui change le cœur et qui renouvelle tout l’homme, vous ne l’avez pas encore senti.
Cependant cet état si dangereux n’a rien qui vous alarme : des péchés qui n’ont jamais été purifiés par une sincère pénitence, ni par conséquent remis devant Dieu, sont à vos yeux comme s’ils n’étoient plus ; et vous mourrez tranquille dans une impénitence d’autaut plus dangereuse, que vous mourrez sans la connoître. Ce n’est pas ici une simple expression et un mouvement de zèle ; rien n’est plus réel et plus exactement vrai ; c’est la situation de presque tous les hommes, et même des plus sages et des plus approuvés dans le monde : les premières mœurs sont toujours licencieuses ; l’âge, les dégoûts, un établissement fixent le cœur, retirent du désordre, réconcilient même avec les saints mystères : mais où sont ceux qui ee convertissent ? où sont ceux qui expient leurs crimes par des larmes et des macérations ? où sont ceux, qui, après avoir commencé comme des pécheurs, finissent comme des pénitens ? où sont-ils ? je vous le demande.
Montrez-moi seulement dans vos mœurs des traces légères de pénitence. Quoi ? les lois de l’Église ? mais elles ne regardent plus les personnes d’un certain rang, et l’usage en a presque fait des devoirs obscurs et populaires. Quoi ? les soins de la fortune, les inquiétudes de la faveur et de la prospérité, les fatigues du service, les dégoûts et les gênes de la Cour, les assujettissemens des emplois et des bien- séances ? mais voudriez-vous mettre vos crimes au nombre de vos vertus ; que Dieu vous tint compte des travaux que vous n’endurez pas pour lui ; que votre ambition, votre orgueil, votre cupidité vous déchargeassent d’une obligation qu’elles-mêmes vous imposent ? vous êtes pénitent du monde ; mais vous ne l’êtes pas de J. C. Quoi enfin ? les infirmités dont Dieu vous afflige ? les ennemis qu’il vous suscite ? les disgraces et les pertes qu’il vous ménage ? mais recevez vous ces coups avec soumission seulement ? et loin d’y trouver des occasions de pénitence, n’en faites-vous pas la matière de nouveaux crimes ? Mais quand vous seriez fidèle sur tous ces points, seriez- vous pénitent ? Ce sont les obligations d’une ame innocente, de recevoir avec soumission les coups dont Dieu la frappe ; de remplir avec courage les devoirs pénibles de son état ; d’être fidele aux lois de l’Église : mais vous, qui êtes pécheur, ne devez-vous rien au- delà ? Et cependant vous prétendez au salut ; mais sur quel titre ? Dire que vous êtes innocent devant Dieu, votre conscience rendroit témoignage contre vous-même : vouloir nous persuader que vous êtes pénitent, vous n’oseriez, et vous vous condamneriez par votre propre bouche : sur quoi donc pouvez-vous compter, ô homme qui vivez si tranquille : Ubi est ergà gloriatio tua ( Rom. 3 ; 27 ).
Et ce qu’il y a ici de terrible, c’est qu’en cela vous ne faites que suivre le torrent : vos mœurs sont les mœurs de presque tous les hommes. Vous en connoissez peut-être de plus coupables que von » ( car je suppose qu’il vous reste encore des sentimens de religion, et quelque soin de votre salut ) ; mais de véritables pénitens, ru connoissez-vous ? Il faut les aller chercher dans les cloîtres et dans les solitudes : vous complez à peine parmi les personnes de votre sang et de votre état, un petit nombre d’ames dont les mœurs plus austères que celles du commun, s’attirent les regards, et peut-être aussi la censure du public ; tout le reste marche dans la même voie. Je vois que chacun se rassure sur son voisin ; que les enfans succèdent là-dessus à la fausse sécurité de leurs pères ; que nul ne vit innocent ; que nul ne meurt pénitent : je le vois et je m’écrie : O Dieu ! si vous ne nous avez pas trompés ; si tout ce que vous nous avez dit sur la voie qui conduit à la vie, doit s’accomplir jusqu’à un point ; si le nombre de ceux qu’il faudroit perdre, ne vous fait rien rabattre de la sévérité de vos lois, où va donc se rendre cette multitude infinie de créaturesqui disparoissent tous les jours à nos yeux ? Où sont nos amis, nos proches, nos maîtres, nos sujets qui nous ont précédés ; et quelle est leur destinée dans la région éternelle des morts ? Que serons-nous un jour nous-mêmes ?
Lorsqu’autrefois un Prophète se plaignoit au Seigneur, que tous avoient abandonné son alliance dans Israël, il répondit qu’il s’étoit encore réservé sept mille hommes qui n’avoient pas fléchi le genou devint Baal : c’est tout ce qu’un royaume entier renferrooit alors d’ames pures et fidèles. Mais pourriez-vous encore aujourd’hui, ô mon Dieu ! consoler les gémissemens de vos serviteurs par la même assurance ? Je sais que votre œil discerne encore des Justes au milieu de nous ; que le sacerdoce a encore ses Planée ; la magistrature ses Samuel ; l’épée ses Josué ; la Cour ses Daniel, ses Esther et ses David ; car le monde ne subsiste que pour vos Elus, et tout seroit détruit si leur nombre étoit accompli : mais ces restes heureux des enfans d’Israël qui se sauveront, que sont-ils, comparés aux grains de sable de la mer ; je veux dire à cette multitude infinie qui se damne ? Venez nous demander après cela, M. F., s’il est vrai que peu seront sauvés. Vous.l’avez dit, ô mon Dieu ? et par-là c’est une vérité qui demeure éternellement. Mais quand Dieu ne l’auroit pas dit, je ne voudrais en second lieu, que voir un instant ce qui se passe parmi les hommes ; les lois sur lesquelles ils se gouvernent, les maximes qui sont devenues les règles de la multitude : et c’est ici la seconde cause de la rareté des Elus, qui n’est proprement qu’un développement de la première ; la force des coutumes et des usages.
(Massillon)
(The B A C H motif)
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